Le bouddhisme dans la vallée de la Spiti (suite)


Le bouddhisme dans la vallée de la Spiti (suite)







Le monastère de Lahlung appartient à l’école Gelug. Un moine nous a fait visiter le hall de prière très ancien qui abrite un nombre impressionnant de statues. Sur les murs on peut voir des Dâkinîs ou êtres célestes féminins et de chaque côté de la porte : Hayagrîva, appelé aussi Tamdrin et une deuxième statue qui pourrait être Mahâkâlâ (littéralement : «le Grand Noir »). Ces deux personnages à l’allure effrayante gardent les lieux. Dans le bouddhisme tantrique, l’aspect effrayant de certaines déités est censé provoquer un choc et aider l’adepte à se détacher de son ego. Le terme employé est « chod » qui signifie coupure. La "coupure" se produit sous l’effet de la peur. On se trouve souvent plongé dans une ambiance quelque peu terrorisante au sein des lieux des cultes du bouddhisme tibétain.

Mahâkâlâ est aussi la déité protectrice de l’école Gelug.
Gompâ de Lahlung
Gompâ de Lahlung




Tamdrin ou Hayagrîva
Tamdrin ou Hayagrîva




Mahâkâlâ
Mahâkâlâ




Le monastère de Tabo est le plus ancien et le grand de la vallée. Il aurait été fondé au Xème siècle. Il abrite à l’intérieur de son enceinte 9 temples et 23 chorten. Il appartient à l’école Gelug. Son apparence extérieur est très simple et austère. Ses murs sont faits de torchis. Par contre, il recèle des trésors inestimables.

Les noms des neuf temples (les cinq premiers sont les plus anciens) : le temple des « Dieux lumineux », le temple d’or, le temple de "l’initiation et des mandala mystiques", le temple du Bhoddhisattva Maitreya, le temple de Dromton (disciple d’Atisha et fondateur de l’école Kadampa), la chambre des « trésors d’image », le grand temple de Dromton, le temple de Mahâkâlâ Vajra-bhairava, le temple blanc.

Interdiction de prendre des photos à l'intérieur.
Monastère de Tabo
Monastère de Tabo




Une fois le portail franchi, nous nous trouvons dans une cour intérieure. L'espace est très austère, très dénudé. Les "trésors" du lieu sont intérieurs, ils sont protégés aussi, ils sont comme cachés. Il est vrai que la rigueur du climat, surtout la période hivernale,oblige de créer des espaces fermés.


Le bouddhisme dans la vallée de la Spiti (suite)




Il y a 23 chortens à l'intérieur de l'enceinte du monastère. Ils sont enduits de torchis, comme tous les murs du complexe. Ils ne sont pas du tout décorés.
Stûpas - monastère de Tabo
Stûpas - monastère de Tabo




Le monastère reçoit des dons pour sa préservation et des travaux d'extension sont en cours. Entre deux structures de l'ancien monastère, on peut apercevoir un stûpa de construction récente.
Nouveau stûpa
Nouveau stûpa




Nous avons pu assister à la pûjâ du matin au sein du nouveau hall de prières qui jouxte l'enceinte de l'ancien complexe. Les moines sont entrés les uns après les autres, dans le silence le plus complet, ils se sont prosternés trois fois puis ont gagné leur place. Au cours de la cérémonie qui a duré près de deux heures, les moines ont psalmodié des textes et ont effectué en même temps un certain nombre de rituels, en utilisant des instruments tels que la cloche, le vase (poumba) décoré d'une plume de paon , le vajra. Le vajra ou dorjé en tibétain est un instrument central et emblématique du rituel et de la tradition du vajrayâna à laquelle il a donné son nom. Le vajra est un "sceptre-diamant". On emploie aussi le mot « foudre » pour désigner cet objet. C'est un petit objet, il tient dans une seule main, dans le creux de la paume. Il comporte cinq branches de part et d’autre et une partie centrale qui elle aussi à une signification. Le vajra, nous dit Philippe Cornu, "symbolise le principe de la transformation. Les cinq branches du bas représentent les cinq agrégats grossiers du "moi" ou les cinq émotions négatives, ignorance, colère, orgueil, désir et jalousie. Les cinq branches du haut symbolisent les cinq Bouddhas ou les cinq Sagesses résultant de la transformation des passions. Au milieu, la sphère de la vacuité est la clé de la transmutation".
Nouveau hall de prières à Tabo
Nouveau hall de prières à Tabo





Le mantra "Om mani padme hum" gravé sur la montagne
Le mantra "Om mani padme hum" gravé sur la montagne




Dhankar, qui signifie dans la langue locale littéralement un "lieu en hauteur", est l’ancienne capitale royale de la vallée. Un gompa appelé Lha-O-pa, fondé entre le VIIème et le IXème siècle, se trouve un peu en contrebas de l’ancienne forteresse. Il abrite notamment une statue en argent de Vajradhara - le "Bouddha primordial" selon les écoles Gelug et Kagyu.
Dhankar sur son éperon rocheux
Dhankar sur son éperon rocheux




Gompa - Dhankar
Gompa - Dhankar




Le monastère de Kungrî, qui se situe dans la vallée de la Pin, appartient à l'école Nyimgma.  Il est composé d'un ensemble de trois bâtiments anciens qui date du XIVème siècle et de bâtiments modernes. Nous avons pu voir des jeunes moines qui préparaient une grande fête. Certains d'entre eux étaient de corvée, ils nettoyaient la cour. D'autres fabriquaient divers objets pour la grande cérémonie à venir.

Par contre, nous n'avons pas rencontré de Buzhens qui sont des moines de l'école Nyimgma. Ils sont connus notamment pour leur danse au cours de laquelle ils manient des sabres. Il est surprenant que des bouddhistes manient des armes. 
Monastère de Kungrî - nouveau bâtiment
Monastère de Kungrî - nouveau bâtiment




Fabrications d'objets cérémoniels
Fabrications d'objets cérémoniels







Fabrication d'ombrelles, symboles de protection et de respect
Fabrication d'ombrelles, symboles de protection et de respect




A l'entrée du gompâ nous pouvons admirer une peinture murale représentant la " roue du devenir " qui illustre le cycle des réincarnations qui sont marquées par la souffrance selon la conception bouddhiste.


"La roue du devenir"
"La roue du devenir"




A l'intérieur un mandala que les moines détruiront au cours de la cérémonie. Ce geste rituel souligne l'impermanence de toute chose.
A l'intérieur un mandala que les moines détruiront au cours de la cérémonie. Ce geste rituel souligne l'impermanence de toute chose.




Objets cultuels : le vase, la cloche, le vajrâ.
Objets cultuels : le vase, la cloche, le vajrâ.




Bouddha et déités tantriques
Bouddha et déités tantriques




L'enlacement des déités symbolise l'union de toutes les dualités et donc la fusion : principes masculin et féminin, droite et gauche, compassion et sagesse, ...
L'enlacement des déités symbolise l'union de toutes les dualités et donc la fusion : principes masculin et féminin, droite et gauche, compassion et sagesse, ...