Trek - Mai 2012 - 1 er jour


Le groupe au complet ... ou presque (sauf le photographe)
Le groupe au complet ... ou presque (sauf le photographe)

Je n’ai pas trouvé de carte suffisamment précise pour suivre et retracer notre progression dans la montagne. Nos guides n’avaient pas de carte. Une carte au 1 :200,000 achetée dans une petite librairie de Manali donne cependant quelques indications et complète les quelques explications que j’ai pu obtenir en cours de route. Nous avons été acheminés en 4x4 depuis Manali jusqu’à un petit village situé à 7 kms nommé Jagatsukh (ce qui signifie littéralement : « l’endroit heureux »). Là l’équipe, les chevaux, le matériel, les provisions de route nous attendaient, sur une petite esplanade d’où partait un petit chemin par lequel nous avons débuté notre ascension.


(PHOTOS: Gérald et Jean-Luc)

 

 
 


                                                                                                 
Avant le départ: les préparatifs
Avant le départ: les préparatifs


 

 

Tout est mis dans des sacs. Nous n'aurons pratiquement rien à porter
Tout est mis dans des sacs. Nous n'aurons pratiquement rien à porter

 

Nos chevaux qui porteront le matériel et les provisions
Nos chevaux qui porteront le matériel et les provisions

L’ensemble du trajet que nous avons parcouru forme quasiment une boucle, représentant une distance d’environ une soixantaine de kms d’après notre guide. Nous avons cheminé à une hauteur comprise entre 2 100 m et 3 600 m maximum. L’étape la plus éloignée nous a permis d’avoir en ligne de mire la montagne Deo Tibba qui s’élève à une altitude de 6001 m.

 

Nous avions deux guides, Suresh et Tashî. Suresh est un alpiniste, il a gravi la plupart des sommets des alentours. Il marchait d’un pas léger et jamais il n’a laissé paraître le moindre signe de fatigue. J’étais souvent juste derrière lui et j’ai appris à mieux marcher en montagne en le suivant pas à pas. Il m’a appris surtout à économiser mon énergie à chaque pas. Tashî est né à Manali mais sa famille est originaire du Zanskar. Il est trapu et a le physique d’un sherpa. Il fermait la marche et a beaucoup aidé Jacqueline qui a su marcher très intelligemment et sagement à son propre rythme tout au long de ces cinq jours.

Suresh et Tashî
Suresh et Tashî

Le troisième membre le plus important de l’équipe est le cuisinier. Il s’appelle Karmâ et j’ai été surpris quand j’ai appris qu’il venait d’être formé à ce métier. Il a fait des merveilles à chaque repas alors qu’il exerce son art dans des conditions très particulières. C’est un métier difficile et il le maîtrise parfaitement.

Karmâ, le cuisinier
Karmâ, le cuisinier


Le cuisinier avait un assistant, Sîtârâm, qui lui aussi s’est montré parfait en tout point. Son rôle principal était de servir les repas. Il nous courait après dans la montagne pour nous servir le déjeuner qu’il transportait dans son sac à dos. Il était à nos petits soins. En plus, cerise sur le gâteau, c’est un bout en train, il nous faisait souvent rire, surtout quand il s’essayait à parler le français ou quand il imitait le cri de l’ours (qui se dit bâlou en hindi, comme dans le Livre de la Jungle).

Sîtârâm
Sîtârâm

Enfin, il y avait Tékû qui s’occupait des chevaux, cinq chevaux au total qui portaient le matériel et les provisions. La caravane partait toujours devant nous et le campement était monté et prêt à nous accueillir quand nous arrivions au terme de l’étape.

 

Une équipe formidable !

Tékû
Tékû

1er jour

Nous avons démarré depuis le village de Jagatsukh qui s’accroche au pied de la montagne. Il faut monter pour l’atteindre en empruntant des escaliers. Nous avons croisé des flopées de jeunes garçons et jeunes filles en uniformes qui allaient à l’école qui se trouve en contrebas. Nous avons fait une première halte près d’un pâté de maisons traditionnelles. Là, Tashî nous explique comment le bois est mêlé aux pierres pour éviter que la maison  s’effondre en cas de tremblement de terre. Nous voyons des habitants vaquer à leurs occupations. Un couple rassemble des pierres. Une femme file du coton pour tisser un vêtement, pour ce faire elle utilise même ses orteils. Une grand-mère garde sa petite-fille. Peut-être est-ce son arrière-petite-fille ? Elles sont toutes les deux au premier étage de la maison et nous font des signes. Les maisons traditionnelles sont toutes conçues de la même manière, le rez-de-chaussée est réservé au bétail et les habitants vivent au  premier étage qui est entouré d’une galerie. Ces maisons sont simples mais elles sont aussi d’une grande beauté architecturale.

Début de l'ascension
Début de l'ascension

Toujours plus haut
Toujours plus haut

Maison traditionnelle
Maison traditionnelle

L’ascension se poursuit au travers d’une forêt jusqu’à un endroit nommé Banârâ où s’élève un temple dédié au dieu Serpent ou Nâga. L’effigie du serpent apparaît sur un panneau sur la façade de l’édifice ainsi que sur un certain nombre de colonnes. Shiva est représenté aussi ainsi que son trident. Après le village, c’est sans doute le  dernier lieu très fréquenté que nous dépassons pour nous retrouver en pleine nature. Non loin de là je reviens sur mes pas pour prendre une photo. J’ai repéré une pierre qui est fichée en terre et dressée comme un menhir. On me donne une explication que je ne comprends pas vraiment. Cette pierre marquerait la limite du terrain sur lequel s’élève le temple ou bien elle aurait appartenu à un temple plus ancien. En tout cas, cette pierre me rappelle un commentaire que mon épouse m’a fait un jour. Selon ses lectures, un temple est avant tout un centre d’où émane une très forte énergie, le monde n’étant qu’énergie et vibrations selon la conception indienne. Les pierres renverraient cette énergie, exactement comme les menhirs qui se dressent dans la  lande bretonne.

Temple du dieu serpent
Temple du dieu serpent

Le dieu serpent
Le dieu serpent

Un monolithe qui fait l'objet d'un culte
Un monolithe qui fait l'objet d'un culte

Des "randonneuses professionnelles"
Des "randonneuses professionnelles"

Au sortir de la forêt, les pâturages
Au sortir de la forêt, les pâturages

Nous sortons de la forêt et au fur et à mesure que nous prenons de la hauteur, il y a encore quelques arbres mais nous cheminons dans un paysage de plus en plus dénudé, un mélange d’étendues herbues et de rochers épars. L’herbe est rase car les troupeaux de moutons sont déjà passés par là. Ils ont été conduits dans les pâturages d’altitude dès la fonte des neiges qui a lieu autour de mars et avril. Toute la neige n’a pas encore fondu d’ailleurs, un peu plus haut dans la montagne nous serons amenés à traverser des plaques de neige encore présentes du fait de leur moindre exposition au soleil.

 

Nous faisons une première halte pour déjeuner. Vu que c’est le début du trek et que la cuisine n’a pas encore été installée, nous mangeons un sandwich, une barre chocolatée et buvons un jus de fruit. Les chevaux nous dépassent à ce moment là, nos chevaux et ceux d’autres groupes. Nous les reverrons de nouveau une fois arrivés au premier campement.

 

L’ascension se poursuit et nous atteignons notre premier campement au lieu-dit Tîlgan et si j’ai bien compris les explications de Suresh, Tilgan ferait partie d’un territoire nommé Sarotu (sachant qu’il y aurait un deuxième endroit nommé Sarotu plus loin). La prochaine fois que je reviendrai en ces mêmes lieux, je poserai des questions pour préciser tout cela. Quelquefois il faut savoir ne pas insister et s’y reprendre en plusieurs fois. Cela permet de faire des recoupements et des vérifications.

 

C’est le premier campement que le groupe découvre. Nous sommes à  plus de 3 000 m d’altitude. Comme tous nos campements, il est installé près d’un cours d’eau. Il y a même plusieurs cours d’eau en l’occurrence. Le campement est constitué de tentes pour dormir bien sûr et d’une « tente-cuisine», d’une « tente-réfectoire», d’une « tente-douche » et d’une « tente-toilettes ». Les tentes qui servent à l’intendance sont de fabrication locale, elles sont l’œuvre des tailleurs et couturiers de Manali. Elles sont solides et parfaitement bien découpées.

 

Nous prenons notre premier repas et sommes agréablement surpris dès cette première fois par la qualité du service et des plats qui nous sont servis. Cette qualité des prestations restera d’un niveau très élevée, voire tout à fait exceptionnel, tout au long des cinq jours que durera notre périple dans la montagne.

 

Dans la nuit, un seul petit incident. Les chevaux sont laissés libres et lors de cette première nuit ils n’ont pas trouvé mieux que de brouter au plus près de nos tentes. Cela surprend quand on n’est pas habitué, d’autant plus que certains équidés se sont pris les pattes dans les fils des tentes. Après l’intervention de Tékû, les choses sont très rapidement rentrées dans l’ordre.

Le site du camp 1
Le site du camp 1

Le camp 1
Le camp 1

Notre "salle à manger"
Notre "salle à manger"

Ma "petite tente dans la prairie"
Ma "petite tente dans la prairie"